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François Chouquet (1945-2020)
Il y a soixante ans, pendant la guerre d’Algérie que l’on nommait alors officiellement les « événements d’Algérie » ou la « pacification », des jeunes Français, peu nombreux, venus de tous horizons sociaux, philosophiques, politiques ou religieux et soutenus par l’Action civique non-violente (ACNV) qui dénonçait la torture et les camps d’assignation à résidence, ont refusé de faire cette guerre coloniale contre un peuple ayant soif d’indépendance et de liberté.
Ils refusaient de participer aux actes odieux perpétrés par l’armée française et proposaient de faire un service civil au bénéfice des populations d’Algérie et sous égide internationale et neutre. Les tribunaux militaires les ont condamnés à de lourdes peines.
Nous étions les Réfractaires non-violents à la guerre d’Algérie.
En 2003, quarante ans après la fin de cette guerre, nous avons décidé de nous rencontrer pour créer une association afin de partager la mémoire de cette époque et de raconter notre histoire, voir rubrique
François Chouquet, ayant eu vent de ce projet, s’y est tout de suite intéressé et a participé à notre temps de rencontre sur le Causse noir dans l’Aveyron. François n’était pas réfractaire lui-même, étant trop jeune à l’époque pour être confronté à la guerre d’Algérie, mais il était réfractaire dans l’âme, réfractaire à toute injustice ; il partageait avec nous la désobéissance civile et la non-violence. Il a donc pleinement adhéré à notre démarche et il est devenu un très fidèle compagnon de route des réfractaires.
Pendant notre rencontre, il nous a filmés et a réalisé un documentaire sous forme de DVD qu’il a intitulé Comme un seul homme en référence à une forme d’action des réfractaires qui consistait à prendre solidairement, tous ensemble, l’identité d’un camarade qui se faisait arrêter par les forces de l’ordre. Depuis 2006, ce DVD, notre DVD, sert de support pour des rencontres et réunions traitant de la colonisation, des exactions pendant la guerre d’Algérie et du refus ou de l’objection de conscience. Nous continuons à le distribuer pour que la mémoire de nos actions survive, voir rubrique.
François était aussi un homme remarquable, plein d’empathie, plein d’humanité, épris de justice et toujours impliqué, même pendant sa maladie, dans des actions tournées vers les plus meurtris par la vie : université populaire, enseignement en prison, soutien des sans-papiers et des sans-logement. Il était présent, avec une chaleur humaine exceptionnelle.
Merci à toi, François, d’avoir été notre compagnon de route jusqu’à ce que la maladie t’en empêche ; tu as été avec nous fidèle et solidaire.
Tu laisses un grand vide, mais nous gardons ton souvenir dans nos mémoires.
Adieu à toi et merci.
Claude Verrel