Réfractaires non-violents à la guerre d’Algérie
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Paul Grosz 1940 - 2019
Nos amis disparus depuis 2003
Article mis en ligne le 15 mai 2019
dernière modification le 5 novembre 2020

par A.B.
Paul Grosz en 2012

Texte lu au nom de Maja, son épouse.

Paul est né à Pfastatt le 6 juin 1940. Excepté quelques années passées à Wittelsheim, il a grandi à Thann. Il avait une enfance et adolescence heureuse. Avec ses cousins et cousines il se retrouvait au Fimbelplatzla pour jouer. Souvent il allait manger chez une de ses nombreuses tantes. Leurs portes étaient toujours ouvertes et personne ne se faisait du mauvais sang si leur enfant ne rentrait pas au moment du repas.

Paul allait à l’école des garçons au Bungert. C’est là que Monsieur Schreiber, président des Petits Chanteurs a découvert sa voix et qu’il l’a admis parmi ses élèves des Petits Chanteurs de Thann. Avec eux, Paul a chanté aux quatre coins de la France, ce qui lui a permis de faire de nombreux voyages. Son amour pour le chant lui est resté durant toute sa vie. Il a chanté en famille, à des mariages, à des concerts et a initié ses petits-enfants au chant. Ses chants préférés étaient ceux de Jean Ferrat qu’il aimait écouter et interpréter lui-même.

Chez ses parents, il ne pouvait s’adonner à ses loisirs qu’une fois le soleil couché. Son père était très exigeant envers ses enfants comme il l’était envers lui-même. Il a initié Paul au travail manuel, ce dont il a bien profité durant sa vie. Adolescent, il a fait un CAP de monteur électricien.

Son père était un homme droit qui ne supportait pas l’injustice. Cette qualité-là, il l’a transmise à Paul qui s’est investi très tôt dans sa vie au syndicat. Lorsqu’il a été appelé au service militaire alors que la guerre d’Algérie battait son plein, il l’a refusé, ce qui l’a conduit en prison jusqu’au cessez-le-feu et la libération de l’Algérie.À sa sortie de prison, il a été incorporé de force dans l’armée. Il a alors préféré déserter pour se rendre en Algérie et aider les algériens à reconstruire ce que les français avaient détruit et dont il se sentait responsable. Il a traversé la frontière pour rester un petit moment en Suisse où nous nous sommes rencontrés. Par la suite, je l’ai rejoint à Alger. Paul y a retrouvé des camarades algériens avec lesquels il a été en prison.

Nous avons fait la connaissance de leurs épouses et tous, nous sommes devenus de bons amis. Malheureusement nous avons perdu leur trace. Un autre bon ami était le curé de Birmandreis qui faisait construire des baraques pour l’alphabétisation en lieu et place d’une grotte dédiée à Notre-Dame-de-Lourdes. C’est lui aussi qui nous a prêté sa « deux chevaux » pour faire un petit voyage de noces.

Trois années plus tard, les circonstances politiques nous ont obligés à quitter l’Algérie. Nous sommes donc partis pour nous installer en RDA. À l’université de Dresde, Paul a fait des études d’ingénieur en économie. Parallèlement, il s’est beaucoup investi contre la guerre au Vietnam. Il a organisé des samedis de travail pour pouvoir envoyer le bénéfice aux Vietnamiens. Il a chanté dans des soirées accompagné par des étudiants de différents pays, toujours au profit du Vietnam.

Intermède musical : « Un jour futur » de Ferrat, chanté par lui-même lors d’une de ces soirées étudiantes à Dresde.

Une fois son diplôme d’ingénieur en poche, il a préparé sa thèse tout en donnant des cours à l’université de Zittau. Il a obtenu le doctorat avec la mention « cum laude ».

Entre temps, notre famille s’est agrandie. Trois enfants sont nés à Görlitz où nous avions notre petit appartement. Paul n’était pas souvent à la maison à cause de l’éloignement, mais quelle joie quand il était là. Jouer avec les enfants était un grand plaisir. Passer du temps avec nos amis allemands aussi. Nous étions assez bien intégrés dans cette société mais le manque de liberté devenait pesant.

En 1982, nous sommes retournés en France où la vie était bien différente de celle en RDA. Nous avons tous dû nous y habituer et les enfants devaient en plus apprendre le français. C’est Jeanine, la sœure de Paul, qui nous a hébergés au début, puis nous avons pu nous installer par nous-mêmes.

Paul a travaillé quelques années en tant qu’ingénieur où il a développé des logiciels pour l’optimisation de processus de production dans les entreprises. De Thann, nous sommes allés nous installer à Cernay où nous avons pu acquérir une maison. Paul s’est alors investi entièrement dans la restauration de cette maison. Il a bien profité du savoir-faire transmis par son père qui était maçon de métier.

Ses vacances préférées se passaient aux « Ramières », un camping naturiste dans la Drôme provençale tenu par un ami qui était aussi engagé contre la guerre d’Algérie dans les années 60. Paul aimait faire du camping et retrouver ce village où nous nous sommes fait de nombreux amis. Le jeu de boules avait la cote et il pouvait y jouer pendant des heures. Outre des dégustations de vins des côtes du Rhône, Paul faisait une fois par an un grand couscous, des fois pour 70 personnes. C’étaient de très bons moments de convivialité.

Nous avons toujours gardé le contact avec nos amis allemands et nous avons pu nous retrouver après la chute du mur. Nous avons alors organisé bien des rencontres soit en Allemagne où Paul donnait de nouveau des cours à l’université de Zittau, soit chez nous. Un ami allemand a fait toutes les démarches pour que Paul reçoive le titre de professeur.

Par un heureux hasard, Paul a retrouvé les adresses de ses amis hongrois avec lesquels il avait partagé sa chambre d’étudiant à Dresde. Depuis lors, chaque année nous passions avec eux des vacances aux quatre coins du monde.

En 2004, la maladie a durement frappé à sa porte. Il a lutté et s’en est remis, tout comme des autres coups durs que sa santé lui a joué. Paul s’est toujours battu, il était positif. Cette fois-ci, son corps était épuisé et les souffrances énormes. C’est lui-même qui a demandé l’arrêt des traitements et la seule prise en charge de la douleur. Le 13 mai il s’est endormi tout tranquillement.

Intermède musical  : « Mourir au soleil », de Ferrat chanté par lui-même l’été dernier accompagné à la guitare par son ami hongrois Miclos.

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Mon père.
Que dire ?
Une montagne,
Un roc.

Une personne d’un humanisme profond, humanisme qu’il a manifesté à tout moment de sa vie. Que ce soit en refusant de faire son service militaire pour empêcher l’Algérie d’accéder à son indépendance ou encore en offrant le couvert à de jeunes étudiants venus des quatre coins du monde lorsqu’il travaillait à l’université de Zittau en Allemagne. Ou encore dans son soutien, par des mots et des gestes, en direction de femmes africaines, que ce soit en Algérie ou encore au Sénégal, pour ne citer que ces quelques exemples.

Un battant aussi, engagé avec ferveur contre le projet d’un 3e incinérateur dans le Haut-Rhin pas loin d’ici, à Aspach. Sans relâche, il a récolté des données scientifiques, rencontré des élus, participé à des manifestations alors que sa santé était déjà en déclin – son engagement, conjugué à celui de l’association NIAH (Non à l’Incinérateur d’Aspach-le-Haut), a contribué à l’abandon de ce projet, soutenu par les lobbies de l’argent qui ont essayé d’imposer cette usine à l’encontre du bon sens, à l’encontre de l’intérêt humain et de la nature. Ensemble, nous pouvons être fiers de cette victoire à l’édifice de laquelle il a apporté sa pierre.

Un amoureux du terroir également.
Très attaché à sa région natale, l’Alsace, c’est tout naturellement qu’il s’est tourné vers l’Écomusée où il a été à l’initiative de l’installation du camp de charbonniers, après s’être documenté sur des techniques ancestrales de fabrication de charbon de bois. Ce savoir-faire ressuscité a par la suite été essaimé jusqu’à Lajoux, en Suisse, où il a noué des liens d’amitié avec d’autres amoureux du terroir.

Mais il affectionnait également les plats du terroir – choucroute, andouillettes, goulasch hongrois, couscous, risotto aux asperges, gigot d’agneau, pesto maison... des plats qu’il aimait préparer et partager en famille et avec des amis, accompagnés de bons vins de petits producteurs locaux.

Enfin, un père de famille qui plaçait la cohésion familiale par-dessus tout.
Avec maman, il nous a inculqué le sens de la famille ; les retrouvailles régulières avec ses enfants, leurs conjoints et ses petits-enfants étaient pour lui comme pour nous des moments de bonheur que nous n’oublierons jamais.

Jusque dans ses derniers instants, il a fait preuve d’un sens des responsabilités hors du commun. Après près de deux mois passés à l’hôpital et afin de nous éviter de prendre en son nom des décisions lourdes de conséquences au vu de la dégradation de son état de santé, il nous a réunis vendredi dernier pour nous faire part de sa volonté d’arrêt les soins pour partir dans la dignité. Il a ainsi pris rendez-vous avec la mort avant que celle-ci ne le fasse ou que nous soyons obligés de le faire. Quel acte de courage !

Il restera dans nos mémoires comme un personnage entier, un exemple, un père et un mari dont nous sommes heureux d’avoir pu partager la vie.

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J’ai beaucoup réfléchi à ce que je pouvais vous transmettre aujourd’hui car il y a tant de choses a dire et il faut faire un tri. Résumer une vie en quelques lignes c’est difficile.

Papa est né le 6 juin 1940 à Pfastatt d’Ernestine Grosz née Fimbel et de Lucien Grosz. C’était le dernier d’une fratrie de 5 enfants : Emile, Emilie, Lucien, Jeanine et papa. D’après ce que j’ai toujours entendu, c’était celui qui avait le droit de faire plein de choses car c’était le dernier.

À la fin de sa scolarité, il obtient un CAP d’électricien monteur. Sa grande soif d’apprendre et sa curiosité pour le monde l’ont rapidement amené à se syndiquer et à s’intéresser à la politique puis à s’engager.

Il participe à un jeûne de 30 jours pour dénoncer la torture en Algérie qui était à ce moment encore une colonie française. Il s’engage dans un mouvement non-violent et rejoint un groupe de réfractaires à la guerre d’Algérie. Il milite pour un statut de service civique à la place d’un service militaire qui deviendra bien des années plus tard celui d’objecteur de conscience.

En 1959, il s’arrête à Fréjus pour venir en aide aux nombreux civiles, suite à la rupture du barrage de Malpasset. Il n’a alors que 19 ans. Arrêté et jugé pour ses agissements pacifiques, il a été incarcéré à plusieurs reprises. Sa peine la plus lourde a duré plusieurs mois à la prison de Frênes où les conditions de détention étaient douteuses. Il y entame une grève de la faim pour avoir le droit à la lecture durant sa détention, ce qu’il finira par obtenir et c’est le curé de la prison qui lui apporte la lecture...

Après sa sortie de prison, il est appelé à faire son service militaire. Au cours de sa première permission, il déserte. Il devient fugitif et perd ses droits civiques français. Il se réfugie un temps en Suisse où il rencontre Maja Gioia Medici qui deviendra sa femme.

1962, la guerre d’Algérie est finie et papa prend la décision de partir en Algérie afin d’aider à la reconstruction de ce pays qui a durement gagné son indépendance. Il dit à ma mère qui est en fin d’études pour devenir institutrice : « Soit tu viens avec moi ou alors je pars en Angola » rejoindre le mouvement indépendantiste naissant. Devant ce chantage, elle part avec lui et ils se marient le 14 décembre 1963 à Alger. En 1964 naît un premier enfant qui décède et qui est enterré à Alger.

1965, suite au coup d’État et le risque d’être dénoncés, ils quittent l’Algérie. N’ayant toujours pas le droit de revenir en France, mais avec des convictions politiques toujours aussi affirmées, ils décident d’aller vivre en Allemagne de l’Est.

Les deux reprennent des études. En avril 1966 naît Hakim. Le couple est alors momentanément séparé en semaine car papa étudie à Dresden et maman travail et étudie à Görlitz. La petite famille se retrouve les weekends à Görlitz. En 1968 naît Myriam et en 1970 moi. Papa termine alors ses études.

Tes choix de vie nous ont marqués, ta femme Maja et nous, tes enfants et petits-enfants Simon, Lisa, Clara, Emilie, Marius et Léon. Maja était en accord avec toi, en amour avec toi, et elle a toujours assuré la survie et la cohésion familiale, tandis que toi tu étudiais et tu travaillais. Nous vivions très chichement à 5 dans notre petit deux pièces pendant plus de 10 ans, et que de souvenirs !

Étudiant, tu ne rentrais que les weekends et tu venais souvent avec d’autres étudiants qui étaient loin de chez eux ; je me souviens d’Huguette, la tahitienne avec qui nous avons lugé et qui n’avait jamais vu la neige et bien d’autres, à qui tu avais ouvert la porte, notre porte, le temps du réconfort, de la solidarité.

Tu avais une vision humaniste du monde, sans ces frontières artificielles qui s’imposent à nous, une vision où chacun aurait sa place et le droit au bonheur, d’où qu’il vienne et où qu’il aille.

Les weekends étaient des moments sacrés en famille, parfois avec vos amis, et toujours dans la joie et le "bon-vivre". On ramassait avec toi des pissenlits, en Allemagne où on n’en donnait même pas aux cochons, des champignons à Noël où on nous prenait pour des extraterrestres, des fèves qui n’étaient destinées qu’aux seuls cochons...Tout un univers d’enfant heureux.

Mais la liberté de penser ne plaît à aucune doctrine et c’est pourtant bien ça qui a toujours guidé tes choix. C’est pourquoi tu souhaitais revenir en France.
D’abord nous avons habité à Thann pendant quelques années. Puis mes parents ont acheté une maison à Cernay. Alors, il a non seulement retapé la maison mais le jardin est devenu très important pour lui. 40 pieds de tomates qu’il ressemait lui-même chaque année et il a même crée une variété qu’il a nommée Maja. Je ne sais pas pourquoi il ne l’a pas appelée Nunu. Nunu, c’est comme cela qu’il nommait maman. Ses tomates étaient importantes pour lui et il distribuait toujours des plants à ses amis.

Pour nous, la corvée était de planter les piquets de tomates avec un niveau à bulles car son potager ne devait pas ressembler à un cimetière russe. Au moment de la récolte, il marquait les plus belles tomates d’un fil bleu ce qui voulait dire pour toute la famille qu’il nous était interdit d’y toucher afin de récolter les graines pour l’année suivante.

J’ai beaucoup de bons souvenirs dans ce jardin car nous nous retrouvons souvent en famille. Notre famille est très soudée, certains disent même de nous que nous sommes une tribu. Mais c’est également un lieu qui accueille souvent les amis. Je me souviens de certaines soirées avec les amis hongrois. Miclos, Gabi, Sandor et Katy. Soirées qui se déroulaient autour du chaudron au-dessus du feu de camp où les trois hommes cuisinaient un bon goulash ou autre chose et après le repas Miclos cherchait la guitare et le temps était au chant. Beaucoup de Ferrat mais aussi de la chanson française et hongroise.
 
Intermède musical

Papa était aussi un fin gourmet et il aimait beaucoup cuisiner. Il a développé son palais au fil de ses rencontres avec les cuisines du monde ; et lorsque maman était à ses côtés pour lui éplucher les légumes et ranger son plan de travail, c’était encore mieux.... Mais autant que ses plats élaborés, il aimait à se régaler d’une bonne huile d’olive dans laquelle il trempait du pain ou des radis au petit déjeuner, en se régalant en toute simplicité et avec autant de bonheur.

Nous sommes immensément riches de toi, merci ! Salut papa

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Opapa,

Ton rire franc continue de raisonner en nous, la bienveillance dans ton regard aussi.
Cette envie permanente de partager, les bons produits, les bons plats, les bons vins.
C’est de ces moments de convivialité dont on veut se souvenir aujourd’hui.
Tu seras toujours pour nous notre grand-père à la grande barbe bien taillée, tes sourcils hirsutes nous fascinaient : un vers le haut, un vers le bas.
Et on adorait jouer avec tes cheveux fins, entortillés pour former une magnifique houpette quand tu n’avais pas un chapeau pour les cacher.

Pour certains tu étais l’adversaire de parties d’échecs interminables, pour d’autres un cueilleur de champignons passionné. Tu nous as appris la façon de faire des pâtes ou du couscous. Tu nous as initié à ta science du potager, faisant participer certains d’entre nous à l’art de faire foisonner ton jardin. Notamment tes fameux semis de tomate, une de tes plus grandes passions, que tu as réussi a lier avec la personne pour qui ton cœur battait, ta Nunu, en créant ta propre variété, la Maja.

On se souviendra aussi, bien sûr, de ta passion pour la musique. À table, le seul qui a le droit de chanter, c’est Opapa. Et on a tous eu la joie de partager les soirées de chants et guitare avec tes amis Miclosh, Shandor, Gaby et Katy. Jusqu’à la fin tu as gardé cet amour pour le chant. Ton dernier refrain, deux jours avant que tu ne t’en ailles, « Aimer à perdre la raison, aimer à n’en savoir que dire... » Ton souffle et ta voix n’étaient pas aussi puissants qu’avant, mais la justesse, l’intonation et la passion tu l’as eue jusqu’au bout.

Tu as toujours eu à cœur que l’on trouve notre voie, insistant sur l’importance des études mais, surtout, l’importance de faire ce que l’on aime. Que l’on puisse nous aussi connaître le bonheur que tu as partagé pendant les 54 ans avec ta Nunu, notre Omama.

La passion pour ta Nunu... En qui tu avais une confiance absolue et que tu regardais toujours amoureusement malgré les années passées. Elle qui a eu la force de t’accompagner jusqu’à la fin.

Opapa, tu nous laisses aujourd’hui avec la fierté d’être ta petite fille, ton petit fils.
Pour tout ce qui a été dit avant, pour ton histoire, pour tes convictions, ton engagement, ta cohérence et bien sûr ton courage. Et aussi pour la passion pour ta famille, toi qui aimais tellement nous réunir.

Nous voulons simplement aujourd’hui te dire merci, toi qui te questionnais beaucoup sur l’au-delà, sur l’existence d’un après, nous on espère que c’est comme dans la chanson de Trenet que tu fredonnais :« Un jardin extraordinaire ».

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Avant de se séparer, la famille a souhaité faire partager ce texte d’Olivier de Kersauson qui correspond bien aux valeurs qui étaient celles de Paul :


« Le jour où je vais disparaître, j’aurai été poli avec la vie car je l’aurai bien aimée et beaucoup respectée. Je n’ai jamais considéré comme chose négligeable l’odeur des lilas, le bruit du vent dans les feuilles, le bruit du ressac sur le sable lorsque la mer est calme, le clapotis. Tous ces moments que nous donne la nature, je les ai aimés, chéris, choyés. Je suis poli, voilà. Ils font partie de mes promenades et de mes étonnements heureux sans cesse renouvelés. Le passé c’est bien, mais l’exaltation du présent, c’est une façon de se tenir, un devoir. 

Dans notre civilisation, on maltraite le présent, on est sans cesse tendu vers ce que l’on voudrait avoir, on ne s’émerveille plus de ce que l’on a. On se plaint de ce que l’on voudrait avoir. Drôle de mentalité ! Se contenter, ce n’est pas péjoratif. Revenir au bonheur de ce que l’on a, c’est un savoir vivre. »

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