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Le Garm de Lyon 1967-1984
Notes de lecture
Article mis en ligne le 21 janvier 2019
dernière modification le 30 novembre 2020

par A.B.

Le Groupe d’action et de résistance à la militarisation (GARM). Lyon 1967-1984

Maurice Balmet, Patrice Bouveret, Guy Dechesne, Jean-Michel Lacroûte, François Ménétrier, Mimmo Pucciarelli

Atelier de création libertaire, Centre de documentation et de recherche sur les alternatives sociales, Observatoire des armements, 2019, 324 p.

Un livre sur le Groupe d’action et de résistance à la militarisation ? Oui, cela faisait longtemps qu’on n’en entendait plus parler. À l’époque, on eut l’impression que les militants du Garm furent partout dans les luttes ; et pendant de nombreuses années. Ce que ce livre confirme d’ailleurs. Pourquoi ça s’est arrêté ? Parce que plusieurs de ces militants étaient engagés ailleurs, dans des associations ayant un but plus spécifique (armement, beurs, santé, éducation, etc.), et puis parce que certains militants sont morts.

Mais quelle bonne idée de rassembler toute cette documentation ! Cela a dû être un sacre boulot pour y mettre un peu d’ordre.

Le Garm est né en 1967, à Lyon. Ce n’est pas une organisation, c’est une petite équipe de militants expérimentés qui a su fédérer des personnes venues d’horizons divers autour d’actions parfois illégales mais non-violentes comme le renvoi du livret militaire. On reconnaît là une culture venant de l’Action civique non-violente. D’ailleurs, beaucoup d’actions tournent autour des objecteurs de conscience, le statut n’ayant que partiellement amélioré leur situation en les sortant de prison en 1963, en voulant les garder sous statut militaire. Eux ne voulaient tout simplement pas de l’armée (on lira Civils, irréductiblement !, livre paru en 2018). Les objecteurs radicalisent leur combat qui ne cessera qu’avec la fin de la conscription en 2002.

En 1973, le Garm signe un tract « Non au service national » distribué à ceux qui vont faire leurs « trois jours ». Il enquête sur les tribunaux militaires, sur les bagnes militaires, parle des insoumissions totales, des insoumission collectives, des assignations à résidence. Quelquefois, le Garm se charge de la publication du journal des objecteurs.

Ce livre nous signale également le lancement de la revue Alternatives non-violentes (1973) dont le premier numéro met en évidence les différents courants existant parmi les militants de la non-violence. Jean-Marie Muller, sous le titre « L’antimilitarisme, maladie infantile de la non-violence » parle de « racisme antimilitariste ». Il écrit : « Toute remise en cause de l’armée n’a de chance d’aboutir que si la mystique militaire est d’abord reconnue et respectée. » Le pasteur Cruse réplique : « En ce qui concerne l’antimilitarisme, il me paraît être l’une des conditions adultes de ceux qui cherchent une alternative non violente aux menaces de la société. […] Je vois une maladie infantile dans cette non-violence qui affiche ne pas être antimilitariste. […] On ne voit pas très bien quelle autre réplique on peut suggérer pour rester des hommes que l’insoumission totale. »

Lire ce livre est aussi une piqûre de rappel des différentes actions effectuées dans les années 1970 autour des centrales nucléaires :

‒ Le Garm proclame : « Visitez la Polynésie française, en cet été 1970, dans le feu d’artifice des explosions nucléaires. »
‒ Jean-Pierre Lanvin, déguisé en évêque, conduit dans les rues de Lyon l’enterrement des futurs victimes des essais nucléaires.
‒ Mais l’action la plus audacieuse fut l’intrusion du poste de commandement du mont Verdun, près de Lyon, destiné à remplacer le PC n° 1 de Taverny, près de Paris, en cas de défaillance. Les Renseignements généraux en étaient pourtant avertis. Cela n’empêcha pas, le 30 janvier 1971, sept militants de s’introduire dans l’un des sites les plus décisifs de l’arme nucléaire et d’en parcourir les trois étages de l’immense dédale. Mieux, un an après, à la date anniversaire, ils renouvelèrent l’opération munis de faux laissez-passer. Bien sûr, la presse et la radio avaient été dûment avertis de ces différentes opérations.

Le Garm a été en permanence sous surveillance des Renseignements généraux dont les notes s’insèrent parfois dans ce récit.

Les armes du Garm : l’imagination, l’audace, la communication et la non-violence.

Mais le Garm n’oublie pas les autres luttes : le Larzac, le combat pour un statut de Pepe Beunza, objecteur espagnol, les actions contre l’apartheid en Afrique du Sud, etc.

Le Garm a systématiquement abordé tous les aspects de la politique de Défense nationale et a pratiqué et soutenu de nombreuses formes d’opposition à cette dernière.

Oui, le Garm luttait partout et a contribué à diffuser une culture de non-violence.

Anita Bernard

Voir aussi le webdocumentaire - www.resistancesauxguerres.fr (cliquez sur le fusil brisé vert en haut à gauche)

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