Réfractaires non-violents à la guerre d’Algérie
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2013 : « 5 caméras brisées »
Article mis en ligne le 10 juin 2013
dernière modification le 9 mai 2016

par A.B.
Projection à Bordeaux le 22 mars 2013, suivie d’un débat avec Geneviève Coudrais,

membre du conseil national de l’AFPS (Association France-Palestine solidarité) et du collectif de ce site.

Nous rapportons ici les propos de Geneviève Coudrais lors de sa présentation du film :

La résistance populaire palestinienne, c’est – plus que des mots alignés sur le papier – ce dont témoigne « Cinq caméras brisées, » un film qui nous donne à voir, face à face, l’action du gouvernement israélien et la manière de résister pacifiquement de la population palestinienne.

« Cinq caméras brisées » (700 heures de rushes) est réalisé par un Palestinien, Emad Burnat, et solidairement par un Israélien, Guy Davidi, membre de l’organisation des Anarchistes contre le mur qui soutient activement la lutte populaire des habitants de Bil’in.

Remarquons que ce film a reçu de nombreuses récompenses : Prix de la réalisation du documentaire international au Festival de Sundance 2012, Prix spécial du jury et Prix du public au Festival international du documentaire d’Amsterdam (IDFA) 2011 et Prix du meilleur documentaire au Durban Film Festival 2012, Afrique du Sud.

Les images attestent de la lutte non-violente des villageois de Bil’in (village de Cisjordanie de 1700 habitants) contre la confiscation de plus de la moitié de leurs terres, afin de permettre l’extension illégale de la colonie de Modin’in Illit et la construction d’une clôture dite de « protection » mais, en réalité, « d’annexion » puisque bien au-delà de la « ligne verte » (ligne d’armistice entre Israël et la Jordanie en 1949).

Emad Burnat, paysan de Bil’in, lui-même spolié, achète une caméra à l’occasion de la naissance de son quatrième fils, concomitante du début de cette lutte. Il filme alors la vie des siens, sa famille, ses amis du village et les manifestations. Cinq années d’une chronique de la vie d’un village en résistance. Cinq caméras qui ont connu chacune des épreuves et ont été brisées l’une après l’autre, au cours des
affrontements, dans cette longue marche pour la justice et la dignité.

Cette chronique nous place délibérément sur le terrain des luttes, de ces luttes dont les qualités essentielles sont, d’une part, d’être non-violentes ou non armées, à l’instar de ce qu’avait déjà été la lutte menée dans d’autres villages (Budrus, par exemple) ; d’autre part, d’être menées collectivement à la fois par des Palestiniens, des Israéliens et ce qu’il est convenu d’appeler les « internationaux » venus de tous pays en solidarité ; enfin, d’être marquées d’une incroyable inventivité.

Ce film nous rend témoins de la terrible violence dont sont alors victimes les protestataires : grenades asphyxiantes plus que lacrymogènes et répandues par dizaines à la fois, balles en caoutchouc (en réalité en métal enrobé d’une fine couche de caoutchouc), jets d’eaux polluées, balles réelles.

Ils sont trois amis dont Bassem que nous accompagnons tout au long du film ; Bassem plein de vie et d’un charisme formidable a été abattu une semaine avant notre arrivée (17 avril 2009). (Voir rubrique)

Violence qui s’exerce non seulement dans la répression des manifestations mais aussi par des incursions souvent nocturnes de l’armée, dans le village, par mesure de représailles (avec le bruit des engins et des explosions destinés à empêcher le sommeil des villageois et à semer la peur), par des violations des domiciles et par des arrestations d’enfants.

Mais, nous dit encore Geneviève, cette chronique filmée ne pouvait tout traiter. Par exemple de l’ensemble de la résistance populaire non-violente. Notamment, ce document fait silence sur le Comité de coordination des luttes du village ainsi que sur les différentes conférences internationales de la résistance populaire non-violente organisées depuis 2006 qui ont pour objet de coordonner et populariser cette résistance.

Ces conférences ont, comme leur libellé l’indique, une audience internationale et attirent des personnalités du monde entier. Elles ont également, sur le plan intérieur, une audience politique importante : dès la deuxième conférence, l’Autorité palestinienne s’est fait représenter et, par la suite, la Conférence a chaque année été ouverte par le Premier ministre, Salam Fayyad, et suivie par toutes les formations politiques de l’OLP. En 2010, le Hamas les a même rejoints, et des diplomates internationaux sont venus officiellement y participer ; ce qui « reflète le consensus grandissant autour de la nécessité et de l’efficacité de la résistance non-violente comme un moyen de mettre un terme à l’expansion des politiques d’occupation et d’apartheid d’Israël », ainsi que le déclare Iyad Burnat.
(Voir conférences de Bil’in)

Emad Burnat et Guy Davidi,
« Cinq caméras brisées »,
Alegria, Guy DVD et Burnat films,
2012, 90 mn

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