Réfractaires non-violents à la guerre d’Algérie
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2011 : Toulouse et St-Girons avec 4ACG
Quelques rencontres-débats
Article mis en ligne le 16 mars 2011
dernière modification le 14 juillet 2017

par A.B.

2011 :Rencontre avec les élèves du lycée polyvalent rive gauche du Mirail à Toulouse, le 21 janvier

C’est au cours d’un meeting contre l’islamophobie, à Toulouse, en octobre 2010, qu’une enseignante du lycée saisit l’intérêt que pourrait avoir une rencontre d’anciens soldats de la guerre d’Algérie et de réfractaires à cette guerre, avec ses élèves de terminale, dont un certain nombre sont d’origine nord-africaine. Dans l’enseignement de l’histoire, la guerre d’Algérie occupe une place importante, que confirme l’évolution des sociétés ex-coloniales et ex-colonisées.

Le déroulement de cette rencontre avait été bien préparé par cette enseignante, ses deux collègues et leurs élèves, et il nous a semblé que l’objectif avait été atteint ; mais ce sont les cours à venir, avec les débats qui les accompagneront qui confirmeront cette impression. Le temps nous a semblé un peu court pour les uns qui témoignent, et pour ceux qui réfléchissent en écoutant !

Mme Patricia Quinsac, professeur de lettres, a invité trois anciens combattants de la guerre d’Algérie (1954/1962) : Gérard Kihn, Jacques Carbonnel et Georges Garié, qui militent au sein de l’association « 4ACG », ainsi que Robert Siméon-Cadot, membre de l’association « Réfractaires non violents à la guerre d’Algérie ».

Le vendredi 21 janvier à 8 heures, la salle polyvalente accueille élèves et témoins, ainsi que deux autres professeurs du lycée. Participaient également deux radios locales, Canal-Sud de Toulouse et La locale de Saint-Girons. Marie Hélène Roques, scénariste, et Isabelle Millé, réalisatrice et productrice de Films Sud sont aussi présentes dans le cadre d’un projet de film sur « Les Passeurs de mémoire ».

Deux élèves se relaient pour présenter les intervenants et les remercier de leur présence. Le débat portait sur cinq thèmes.

Deux jeunes filles d’origine maghrébine abordent le premier thème :

Pourquoi la guerre d’Algérie ?

Rappelant la différence de statut entre indigènes et colons depuis l’arrivée des troupes française en 1830, les diverses phases de soulèvements réprimés depuis cette date, la participation des Africains aux côtés des Français pendant les deux guerres mondiales, le massacre de Sétif, l’organisation de mouvements politiques et syndicaux au sein de la population algérienne, les intervenants à tour de rôle ont développé ces données essentielles sur le pourquoi de cette guerre.

Les Algériens dans la guerre

Certains intervenants ont fait part des relations qu’ils avaient eues avec les Algériens avant la guerre, d’autres ont dit la découverte de ce peuple à l’occasion de leur arrivée sur le sol algérien alors qu’ils étaient appelés du contingent.

Les sentiments ressentis par les soldats qui ont participé à cette guerre

Une jeune fille à lu le poème de Georges Garié intitulé « La corvée de bois » qui a été l’occasion de préciser en quoi consistait cette corvée et qui a permis à chaque témoin d’évoquer les interrogatoires, les tortures, les liquidations physiques, les égorgements et toutes les horreur de la guerre quand la peur, la vengeance et la haine remplacent les valeurs humaines et la raison.

La question des déserteurs et réfractaires

Interrogé sur son parcours particulier, Robert a décrit ce qui avait été son engagement contre la guerre avec l’Action civique non violente, sa réflexion très jeune sur la dignité de l’homme, la condamnation qui l’a frappé en tant que réfractaire et la détérioration de ses relations familiales qui l’ont durement touché.

Le silence de tous les participants à ce conflit

Deux élèves ont posé la question de savoir pourquoi nous n’avions pas parlé de cette guerre à notre entourage . Les trois intervenants ayant participé aux combats, ont confirmé le sentiment de gâchis qu’inspirait cette guerre, leur souhait de retrouver la vie civile plus saine psychologiquement. Devant l’indifférence de leurs concitoyens, ils ont préféré se taire en précisant qu’ils ne se sentaient en aucune manière directement responsables, mais qu’avec le recul ils estimaient que le problème algérien avait été mal géré depuis ses débuts, en contradiction avec nos valeurs républicaines.

Notre présence à Toulouse fut l’occasion, l’après-midi, de participer, pendant une heure, à une émission de la radio locale avec Américo Mariani (Canal-Sud 92.2) sur le même sujet et les mêmes thèmes. L’enregistrement est disponible sur le site (http://sonsenluttes.net/spip.php?article244) et pourra être utilement écouté pour des expériences futures.

La rencontre s’est terminée avec la lecture d’un poème de Benoîst Rey : « Chant du déshonneur » .

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2011 : Rencontre au lycée du Couserans

Grâce à l’initiative de Georges Garié auprès des professeurs du lycée du Couserans à St-Girons, trois membres de 4ACG ainsi que Robert Siméon, en tant que réfractaire, ont pu rencontrer environ 70 élèves de première et seconde de ce lycée de 8h00 à 11h00 le 20 mai 2011.

Après une présentation de l’association par Gérard Kihn, ce dernier ainsi que Georges Garié, Jean Carbonnel et Robert Siméon, ont tour à tour exposé leurs parcours personnel dans la guerre. Ces récits, mettant en scène un engagé volontaire, un appelé connaissant déjà l’Algérie, un appelé ignorant tout de l’Algérie et un réfractaire, se sont complétés les uns les autres et ont expliqué la complexité des situation dans cette guerre.

Robert Siméon

Comme d’habitude, après un moment d’observation et d’indécision, les élèves se sont enhardis et les questions nombreuses ont été posées avec une insistance particulière sur le cas de Robert Siméon et son incarcération, les raisons et les effets de son refus. Les principales questions ont porté sur :

– Le pourquoi du refus de percevoir une retraite d’ancien combattant.

– Le rôle des femmes algériennes dans la guerre.

– La torture systématisée dans l’armée, spécialement dans la bataille d’Alger.

– Le rôle et la complexité de la situation des Harkis.

Nous avons également évoqué l’attitude du général de Bollardière qui avait interdit la pratique de la torture dans ses unités.

Le petit fascicule de poèmes sur la guerre écrit par Georges Garié a suscité beaucoup d’intérêt et les élèves s’en sont emparés ainsi que de la documentation sur la 4ACG.
Le livre de Gérard « Le sang des autres » a aussi été évoqué.

Après la rencontre, un certain nombre d’élèves sont venus poursuivre la discussion avec les quatre intervenants avec beaucoup de liberté et des questions plus personnelles. Une grande majorité des élèves présents a déclaré avoir un grand-père ayant fait la guerre d’Algérie mais aucun ne leur en avait parlé.

Une fois de plus, nous remercions les enseignants qui ont su organiser une telle rencontre qui a permis à nos jeunes d’avoir un autre regard sur cette guerre douloureuse et dont les stigmates apparaissent encore aujourd’hui.

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